LE NOUVEAU FASCISME DE LA SOCIÉTÉ DE CONSOMMATION

22 novembre 2016 par Romain Groscon

Pour les opposants à la société de consommation, l’idéologie consumériste se résume ainsi : il faut sans cesse créer de nouveaux désirs et le remède à tous ces désirs est de les assouvir. Et pour assouvir ses désirs, il faut gagner su samment d’argent pour pouvoir se le permettre. Cela suppose que, dans cette idéologie, tout est mercantile et que tous les désirs (sous in uence publicitaire) et les e orts nissent par être constamment orientés vers un seul et unique horizon : la consommation de masse.

Introduction

Certaines critiques insistent sur le fait que cette focalisation sur les biens matériels pose un problème moral et philosophique pour le consommateur, une question concernant la nalité de l’Homme et de la vie terrestre. D’autres critiques insistent sur les implications concrètes de la consommation, à travers ce qu’elle implique en termes de production, transport et distribution. La consommation excessive et abusive d’une société moderne de plus en plus peuplée ont des conséquences sur l’environnement, les ressources naturelles et la santé.

La comparaison du niveau de consommation nale avec la capacité terrestre de production de ressources naturelles et d’absorption de la pollution a conduit à l’émergence du concept de surconsommation. L’économiste Daniel Cohen souligne que si la Chine avait le même nombre de voitures par habitants que les États-Unis, elle consommerait la totalité de la production pétrolière mondiale, où que si elle avait la même consommation par habitant, elle devrait utiliser l’ensemble des forêts de la planète. Le mode de développement occidental n’est donc pas généralisable à l’échelle planétaire aussi bien d’un point de vue écologique que de disponibilité des ressources.

L’EMPREINTE ÉCOLOGIQUE DE NOTRE CONSOMMATION

L’essentiel de nos déchets n’est pas traité, certaines ressources naturelles sont en e et épuisées ou en voie de l’être et l’agriculture intensive est un facteur de réduction de la biodiversité. Sur le plan psychologique, le consumérisme peut entraîner une continuelle frustration (encouragée par les modèles, les jalousies et les désirs alimentés par la publicité) qui engendre mal-être et parfois les comportements agressifs qui en découlent.

Certaines ressources naturelles sont en effet épuisées ou en voie de l’être.

Et sur le plan social, lorsque la consommation devient la valeur centrale de la société, l’être humain peut devenir lui aussi un « produit » qui doit « savoir se vendre » et qui doit entrer « en concurrence ou en guerre », avec tous et autrui. La cohésion sociale et les valeurs humaines sont alors mises au second plan lorsque ce principe s’applique sur fond de crise économique et sociale entraînant une pression et une détresse morale, voire un isolement social, que même la consommation ne parvient pas à atténuer.

UN AUTRE ASPECT SOCIAL EST LE PARADOXE DE L’ABONDANCE

Le bonheur généré par une richesse plus élevée est éphémère, au bout de deux ou trois ans 60 % de la satisfaction liée à celle-ci disparait. Le Bonheur intérieur net stagne malgré l’accumulation des richesses. Selon Daniel Cohen, « ce sont les augmentations de la richesse qui sont le déterminant du bonheur, pas son niveau, quel que soit celui-ci », ce qui donne deux interprétations : soit la consommation est semblable à une drogue, demandant sans cesse des nouveautés à consommer ce qui va à l’encontre des limites écologiques, soit elle est liée à la théorie des « sentiments moraux » développé par les économistes Adam Smith et Albert Hirschman, basé sur la nécessité d’être reconnu par les autres, par vanité et rivalité, impliquant un perpétuel dépassement d’autrui. Parmi les principaux mouvements critiques de la société de consommation, citons principalement les altermondialistes (altermondialisme) et leur célèbre slogan « le monde n’est pas une marchandise », une bonne partie des mouvements écologistes (écologisme) ainsi qu’une partie des partis politiques de la gauche qui en critiquent certains aspects.

MOUVEMENT ANTIPUB ASSOCIATIONS CONTRE LA PUBLICITÉ ABUSIVE

À ceux-ci s’ajoutent des acteurs critiques qui s’intéressent aux aspects plus particuliers de l’impact de la société de consommation tels que l’excès de publicité dans le paysage (mouvement antipub, associations contre la publicité abusive, la publicité mensongère ou le sexisme dans la publicité). Apparu plus récemment, le mouvement des décroissants (décroissance), notamment, fait valoir le fait qu’une économie basée sur une croissance exponentielle continue de biens matériels régulièrement renouvelables et l’encouragement à la consommation au-delà des besoins raisonnables, et dont une bonne partie de la production non achetée est jetée, n’est pas compatible avec les limites de la biosphère et l’échéance écologique que représente le réchau ement climatique et proposent de ré échir à de possibles alternatives viables.